Dans l’un des précédents MagLiège, (le n°21 du mois d’octobre dernier), nous vous parlions déjà du Cœur historique de notre cité. Nos quelques mots sur ses principaux sites vous avaient sans doute donné envie de les visiter.
Aujourd’hui, avec le printemps revenu, le temps des achats peut s’agrémenter de l’une ou l’autre nouvelle exploration de ce quartier où bat le Cœur de Liège. Là, entre la colline de la Citadelle et la Meuse, nous vous entraînerons, en confidence, dans quelques coins qui ont une histoire et un attrait particuliers. Les voici, modèles d’architecture des siècles passé, souvenirs de grands personnages qui sont passés par Liège, ou simplement coins champêtres dans la ville. Ils se greffent sur notre précédent itinéraire pour vous inciter à les visiter au gré de votre chemin, même pour quelques minutes.
Féronstrée, cette ancienne rue pavée, regroupait autrefois les ferronniers, les Fèvres, l’un des 32 bons métiers de Liège, c’étaient les artisans qui travaillaient les métaux. De là, un petit détour par Potiérue nous offre une vue dégagée vers notre fleuve. Pour suivre des yeux les péniches, approchons-nous de la terrasse en forme de proue décorée d’un mât… C’est la métaphore d’un bateau attendant sa bien-aimée Meuse !
Profitons-en peut-être pour nous documenter à l’Office du Tourisme installé depuis peu dans l’ancienne Halle aux Viandes, le plus ancien édifice civil de la ville. Il allie brique et pierre calcaire, et, à l’intérieur, sa charpente en bois est posée sur des colonnes de pierre taillée. Dans ce vaste espace se trouvent la maquette en bronze de l’ancienne cathédrale, une boutique, des présentoirs de brochures, sur lesquels notre magazine figure en bonne place. Et, bien sûr des conseillers seront là pour vous accueillir et vous informer. Grâce à un partenariat avec l’asbl Pro Vélo des bicyclettes sont proposées à la location pour découvrir la ville et les communes limitrophes.
De retour en Féronstrée, entrons un moment, au n° 94, dans la cour de l’hôtel Somzé, un ancien hôtel particulier du début du 18e siècle qui abrite l’échevinat des Finances et du Tourisme. La cour intérieure est un endroit peu connu de notre cité. Au fond, voici une jolie fontaine dont la voix nous invite à la méditation, sous une tonnelle plantes grimpantes. Ce sont des renouées, qui, dès l’été, offrent aux photographes leur avalanche de petites fleurs blanches.
Un peu plus loin dans la rue, une visite au Musée d’Ansembourg témoigne de la vie aristocratique au siècle des Lumières. C’est une demeure bourgeoise du 18e siècle où nous découvrirons les arts décoratifs de notre cité, stucs, plafonds peints, ameublement, et même une cuisine décorée de carreaux en faïence de Delft… Jetons un coup d’œil par la fenêtre : le jardin intérieur est, lui aussi, un havre de paix au cœur de la ville. Nul doute que le Maréchal Bernadotte ait apprécié ce cadre. Il s’est ouvertement désolidarisé de Napoléon, et avait été accueilli à Liège par les acclamations du peuple et au son des cloches. C’est ici qu’il avait installé son quartier général pour tenter, sans succès, d’obtenir le trône de France.
Continuons à suivre Féronstrée. Avec son alternance de briques et de pierres, et ses fenêtres à croisées, le Palais Curtius est un modèle de l’architecture mosane. Il n’est évidemment plus nécessaire de présenter cet ensemble muséal. Mais si nous n’avons pas le temps aujourd’hui de faire une visite détaillée, pourquoi ne pas profiter de ses jardins ? Agrémenté de fontaines et de sculptures, ce havre de paix est accessible librement. L’entrée, elle, propose quelques bancs entourés de murs de pierres sèches, peuplés de jolies plantes. Les cymbalaires s’y protègent tout l’hiver et attendent le printemps pour exploser au soleil. On les appelle aussi « Ruines-de-Rome », même si elles n’ont rien à voir avec la chute de l’Empire romain !
Sur la place Saint-Bathélemy, profitons quelques instants de la floraison blanche des arbustes, qui contraste avec les couleurs vives de la collégiale, fleuron du style mosan rhénan avec ses clochers jumeaux aux toits en losanges.
A gauche, suivons la rue des Brasseurs avant de traverser la Cour Saint-Antoine. Au centre de la petite place coule une fontaine en forme d’obélisque, reliée par une rigole à une fontaine évoquant les pyramides des Mayas. Les personnes qui habitent cet autre îlot paisible sont amateurs de décoration florales. Comme c’est joli !
En sortant, nous arrivons en Hors-Château. Un ruisseau y coulait, la Pisseroule. Des drapiers y ont tenu atelier, puis boutique.
Sept impasses adossées à la colline de la Citadelle partent de cette artère. Elles conduisaient autrefois tout droit aux coteaux couverts de vignes, ceux qui avaient la meilleure exposition au soleil. Il serait dommage de ne pas prendre le temps de s’égarer quelques instants dans cet autre monde hors du temps, par exemple dans l’Impasse de l’Ange. Si vous parcourez ces ruelles, imprégnez-vous de ce cachet villageois plein de charme, des percées pittoresques vers les pentes de la colline dominant la ville, des cours intimes, des petits jardins. Mais faites-le, ici aussi, sur la pointe des pieds, en préservant la vie privée des habitants !
Plus loin en Hors-Château, nous trouvons évidemment les escaliers de Bueren, élus « escaliers les plus extrêmes du monde » par le magazine américain en ligne Huffington Post. Au total, 374 marches et un dénivelé de près de 30% …
Pas sûr que nous ayons envie de les escalader ! Mais, un petit conseil : revenez les voir tous les deux ans, en juin, quand elles sont recouvertes de fleurs. L’an dernier, le thème était incontournable, c’était l’Euro 2016. Rendez-vous est pris pour 2018. Nous pouvons peut-être déjà parier sur le prochain thème ?
A droite, voici l’ancien couvent des Ursulines, un ordre installé à Liège en 1627. Il avait été fondé par sainte Angèle Merici, une franciscaine qui avait une grande dévotion pour sainte Ursule.
A gauche, par l’Impasse des Ursulines, dirigeons-nous vers l’ancien Béguinage du Saint Esprit, construit en 1614 grâce à la générosité de Philippe le Rousseau, dit du Saint Esprit, ancien bourgmestre de Liège. Mais au fond, qu’étaient les béguinages ? C’étaient les maisons des béguins ou des béguines, des laïcs fervents vivant ensemble leur foi. L’idée de telles congrégations n’est pas flamande, mais liégeoise ! C’est un prédicateur de chez nous, Lambert-le-bègue, qui a voulu regrouper des laïcs en communautés consacrées au service des pauvres. Et contrairement à ce qu’on croit, Lambert n’était pas bègue (il était prédicateur, quand-même !), mais begge, c’est à dire beige, de la couleur de l’habit qu’il portait, comme ceux des premiers « béguins » ou « bégards ».
De retour vers la Place Saint-Lambert, nous pourrons admirer la seconde cour de l’école d’hôtellerie, dans l’Hotel de Stockem de Heers, petit palais construit vers 1700 dans un sobre style classique.
Un dernier verre, peut-être, à l’ombre de notre Perron, sur l’une des terrasses de la Place du Marché ? Nous l’avons déjà beaucoup évoquée dans nos derniers Mags. Mais pour l’instant, de là, nous pouvons profiter d’un paysage exceptionnel : les fleurs blanches devant notre Palais des Princes-Evêques !
Bonne balade au soleil !
Josette Lamotte