Une comédie de Stéphane GUÉRIN
« Les grandes filles » ou la vie bien remplie de quatre femmes. Toutes différentes, excessives dans leurs tourments, injustes souvent, indignes parfois, émouvantes sans doute. On s’embrasse, on rit, on échange un peu. Ce sont des refrains et ritournelles du temps qui passe, sans nostalgie aucune. Elles se rendent visite dans des appartements minuscules, se donnent rendez-vous dans des lieux improbables, se révèlent ou se cachent leurs faiblesses et leurs forces infinies. Une épopée intime en quelque sorte.
La pièce est là. Si singulière. Voire subversive. Quatre femmes d’origine et de religion différentes. Elles ont été confrontées aux événements de leur siècle : la déportation, l’immigration, la différence sexuelle, l’absence d’amour, l’anonymat. Et pourtant rien ne les arrête. Rien ne les afflige. Elles sont aujourd’hui au seuil de leur vie, elles ont choisi le parti de vivre et de rire. Elles ne sont pas tendres les unes envers les autres, elles ont la répartie facile et l’humour vache. Trois sont veuves, l’une est musulmane, les deux autres juive et témoin de Jéhovah. La quatrième est catholique et vieille fille assumée.
«Les Grandes Filles» réunissent quatre comédiennes que l’on va suivre toute une année, au rythme des saisons, du bal du 14 juillet à la rentrée des classes. Ces voisines de quartier commentent en douze tableaux l’actualité du moment façon café du commerce, partageant leurs petits bobos dans une sorte de compétition, se querellant pour un rien mais partageant aussi les fous-rires. Entre réelle amitié et postures de défiance, ces dames d’origine et de culture différentes s’aiment et se détestent dans un bel esprit oecuménique, à l’occasion d’échanges savoureux et irrévérencieux concoctés sur mesure par l’auteur de cette pièce inédite, Stéphane Guérin, qui il y a quelques années a prêté sa plume caustique à l’humoriste Sylvie Joly.
La pièce réuni également quatre complices idéales, partageant le même tempérament de jeu: l’iconoclaste Madame Yvonne (Françoise Defraigne), l’attendrissante Madame Zakko (Nicole Brahy), la piquante Madame Xenia (Renée Libotte) et la solide Madame Khader (Michèle Willimès). Elles jouent quatre connes qui ne disent que des conneries, des femmes un peu banales qui se retrouvent pour échanger sur la nature humaine en général, et la leur en particulier. Et se moquer gentiment les unes des autres ! Indignes à souhait quand elles jettent des cailloux sur des gamins bruyants ou échangent sur le meilleur papier-toilette et le régime idéal contre la constipation, toutes incarnent joyeusement des retraitées dynamiques, bien décidées à ne pas laisser prise au temps qui passe, et communiquant leur joie de vivre aux spectateurs.
Stéphane Guérin a décidé de laisser la gravité de côté. Il écrit au fil de la plume, compose des conversations chorales. Le temps passe, chaque mois permet de changer d’angle d’attaque. Guérin fait tourner des mots, des thèmes, des lubies, pour montrer une vieillesse agréablement délirante. Ces femmes ont toutes souffert et elles ont toutes le secret du bonheur. Elles n’aiment que ça, le bonheur : il s’attrape en se conduisant comme de grands enfants dissipés ou en riant de tous les ratages qu’on accumule. Comme le bonheur est en littérature un matériau qui frôle souvent la mièvrerie, Guérin contrebalance son message d’optimisme par une série de répliques ou d’événements à rebrousse-poil. Ses femmes du bonheur commettent et disent des horreurs : Zakko fait ses besoins dans les cimetières, Xénia déclare « je me suis débarassée des pigeons, je voudrais bien faire pareil avec les gosses », et Yvonne affirme : « Les curés devraient se marier… Personne ne me fera croire que ces hommes n’ont pas d’érection matinale… »
La drôlerie de ces vieilles personnes délurées est bon enfant. En compagnie de ce tumultueux quatuor, on se retrouve comme dans une fête chaleureuse où l’on valserait entre les moments d’attendrissement et la griserie du mousseux. L’on est content de partager leur gaieté et de faire quelques danses avec elles, dans l’innocence, au-dessus du volcan de la vie.
Tous les vendredis et samedis à 20h30
du 24 mai au 28 juin 2019
+ les dimanches 16 et 23 juin à 15h00
et le jeudi 27 juin à 20h30
Avec Nicole BRAHY, Françoise DEFRAIGNE, Renée LIBOTTE et Michèle WILLIMES Mise en scène : Jean-Michel CUYVERS Décors – Accessoires : Daniel DESWERT et Brigitte CHABOT-LABIOUSE Régie : Julien SIMON et Willy RINKENS
Réservations au 0479 82 24 39
Théâtre Proscenium
Rue Souverain Pont, 28, 4000 Liège
Tél : +32 479 822439
Prix des places : Adulte 12 € • Pensionné et étudiant 10 € • Carte comédien 8 € • Enfant (-12ans) 7 € Chèque-cadeau spectacle à offrir pour 1 ou plusieurs spectacles au choix Les places non retirées à 20h20 seront remises en vente. Merci de votre compréhension !