À l’occasion de son bicentenaire, l’Université de Liège, en partenariat avec Collections & Patrimoines et Europa 50, organise une exposition intitulée J’aurai 20 ans en 2030 à la gare de Liège-Guillemins. Un parcours, d’environ une heure, fait de décors immersifs, de modélisations en 3D, de vidéos, de sons et de lumières, invite le visiteur à un voyage vers le futur. Mag Liège vous en fait un compte-rendu afin de vous mettre l’eau à la bouche.
Dès le début du voyage, une mise en scène déroutante nous interpelle. Il s’agit de petits personnages, aux attitudes contradictoires, entourant les pieds d’un robot géant. Le ton est donné d’emblée: serons-nous asservis par ce que nous avons créé ? En effet, l’exposition ne se contente pas d’expliquer les avancées scientifiques, mais elle nous force à nous interroger, d’un point de vue éthique, sur ce progrès fulgurant.
Ce progrès n’aurait évidemment pas eu lieu sans le cerveau, siège du génie humain. Une modélisation en 3D de cet organe fascinant nous permet de nous glisser dans ses méandres et d’admirer ainsi toute sa complexité. De tout temps, l’Homme a exploité son cerveau afin de créer, innover, inventer. Un espace consacré aux inventions nous rappelle que plusieurs innovations technologiques n’auraient pas pu voir le jour sans l’esprit ingénieux de grands inventeurs tels que Da Vinci, Mercator, Baekeland, Otlet ou Curie, entre autres, qui en leur temps ont ouvert la voie vers notre futur.
La suite du parcours nous mène vers la maison de demain, une maison intelligente qui possède toutes les options possibles et imaginables pour améliorer notre confort. Nous y découvrons une série d’objets, jadis relevant de la science-fiction, qui feront bientôt partie de notre vie quotidienne. Vous n’aurez plus, par exemple, besoin de vous soucier de la ventilation, de l’éclairage ou du chauffage. La maison de demain s’en occupera. Plus besoin non plus de s’acquitter des tâches ménagères. Un robot humanoïde vous soulagera de cette charge.
À la sortie de la maison de demain, nous nous retrouvons devant une grande table qui retrace l’évolution des repas au fil des siècles. À cause de la surpopulation et du changement climatique, les systèmes de production actuels ne pourront plus répondre à la demande croissante de consommation de viande. Par conséquent, des sources de protéines alternatives, telles que les insectes, les lombrics etles algues, feront bientôt leur apparition dans nos assiettes. Que diriez-vous d’une quiche aux vers suivie d’une savoureuse mousse au chocolat aux sauterelles ? Vous trouverez également dans le menu du futur de bons petits plats à base de méduses. Vous n’aurez donc que l’embarras du choix !
À l’instar de l’habitat et de l’alimentation, la ville connaîtra aussi de profondes mutations. La ville de demain sera intelligente et hyperconnectée, avec des systèmes centralisés de gestion des données en temps réel pour rationaliser l’énergie, la mobilité, l’eau et les déchets. Un large recours aux nouvelles technologies optimisera la gestion des différents aspects de la vie urbaine. Cependant, aussi attrayante qu’elle puisse être, la ville de demain sera une ville où nos informations privées seront accessibles à tous et où nous serons épiés par des drones et des caméras de surveillance qui intègrent des éléments intelligents.
Nous quittons les grands décors dédiés à la ville de demain et sa mobilité pour pénétrer dans une station spatiale futuriste d’un réalisme à vous couper le souffle. Nous voici partis vers la Lune à la recherche de nouvelles ressources minières à exploiter, ou vers Mars en quête d’autres formes de vie. C’est un espace qui ravira petits et grands et qui passionnera les Liégeois puisque Liège se distingue dans ce domaine grâce à ses nombreuses entreprises spatiales et une recherche universitaire de pointe.
La porte de l’espace étant déjà franchie, l’Homme aspire à ouvrir une autre porte qui l’a toujours fasciné : celle de l’immortalité. La médecine de demain semble détenir la clé de cette porte ultime, mais à quel prix? Grâce au développement des techniques de l’intelligence artificielle et aux progrès de la génétique, il sera possible de détecter certaines maladies à un stade précoce, voire même de mettre en place les mesures nécessaires pour prévenir leur apparition. La médecine du futur n’aura plus comme objectif de guérir, mais celui d’effacer la nature mortelle de l’Homme. Si l’on s’émerveille devant toutes les découvertes présentées dans cette section, on ne peut s’empêcher de s’inquiéter des usages qui en seront faits. Jusqu’où les limites de la mort seront-elles repoussées ? Allons-nous vers une autre humanité qui prône le culte de la machine?
Nombreuses et pertinentes sont les questions soulevées par cette exposition qui ne vous laissera pas indifférent. Ce sera à vous d’y répondre.
Houda Joubail