Le bijou, cet objet fascinant qui ornemente, définit ou singularise son porteur, fait partie intégrante de toutes les cultures du monde ; mais qu’en savons-nous exactement ?

“Bijou“ est un mot qui remonte au 15e siècle. Il nous vient du mot breton “bizou“ qui signifie “anneau pour le doigt“ lui-même dérivé de “biz“ qui veut dire “doigt“. À l’origine, “bijou“ désignait donc uniquement un anneau. Ce n’est qu’au 16e siècle que son sens s’élargit pour englober tous les autres objets d’apparats.
L’art de la bijouterie, quant à lui, est aussi vieux que le monde. Depuis la nuit des temps, l’être humain a éprouvé le besoin de se parer de bijoux, soit à des fins religieuses, superstitieuses, identitaires, d’appartenance sociale ou, tout simplement, pour s’embellir. Souvent découverts dans des nécropoles, les bijoux accompagnaient le défunt dans son voyage vers l’au-delà, témoignant ainsi de l’importance que les civilisations antiques accordaient à la parure.

Dès la Préhistoire, nos ancêtres se sont confectionné des bijoux à partir d’os, de dents, de coquillages, de bois de cervidé ou encore de l’ivoire des défenses de mammouth. Les plus anciens bijoux identifiés par les archéologues ont été fabriqués il y a 130 000 ans par les Néandertaliens. Il s’agit de huit serres d’aigles, découvertes sur le site de Krapina en Croatie, qui ont été modelées par une main humaine pour être utilisées comme parure. Dès lors, le bijou n’a cessé d’évoluer au gré des modes, des nouvelles techniques et des matériaux disponibles. Il a traversé les âges pour parvenir jusqu’à nous dans des formes qui rivalisent d’ingéniosité et de créativité.

La créativité est le maître-mot de M. Olivier Pauquet, artisan-joaillier créateur et spécialiste de la perle. Tout petit déjà, il se passionne pour le monde fabuleux des bijoux et des pierres. Ses plus beaux cadeaux d’enfance étaient d’ailleurs des livres sur cet art qui le fascine. « Ma passion pour les perles est née, déjà à l’âge de huit ans, suite à la lecture d’un rarissime recueil de contes et légendes autour des perles », se souvient-il. Même s’il consent à suivre un classique cursus d’humanités générales pour faire plaisir à ses parents, M. Pauquet ne perd jamais de vue sa passion. Il enchaîne les formations dans des instituts prestigieux et effectue des stages chez différents créateurs de renom afin d’acquérir l’expérience nécessaire à l’exercice du métier qui lui est si cher.

Aujourd’hui à la tête de l’entreprise familiale « Bijouterie Pauquet » rue Puits-en-Sock, M. Pauquet court le monde en quête de nouvelles perles pour sublimer ses créations. « Pour moi, la plus belle des parures est celle qui est ornée de perles, car c’est un élément 100% naturel », affirme-t-il. Pièce incontournable dans toutes ses œuvres, la perle occupe une place majeure dans son processus de création. Tantôt elle est le coup de cœur qui donnera naissance à un dessin, tantôt elle embellit un dessin déjà existant. Avide de découvertes, M. Pauquet est toujours à l’affût de nouveautés. « La perle la plus inspirante pour moi est celle que je n’ai pas encore vue ! », nous confie-t-il.

« Rien de tel qu’un bijou en perles pour souligner l’élégance et la féminité », assure M. Pauquet. « Certaines personnes pensent que c’est démodé parce qu’elles ignorent malheureusement toute la palette de formes et de couleurs qui existe actuellement et qui n’existait pas auparavant ». Conscient de cette richesse, M. Pauquet donne des conférences et participe à des expositions pour transmettre son savoir et sa passion à la nouvelle génération. Il a, entre autres, réalisé en 2010 l’exposition “Perles de la nature“ à la demande de l’Université de Liège. « La perle est en dehors de la tendance », conclut-il, « elle restera ! ».

La tendance, M. Anouar Frikha, artisan-joaillier, la surveille de près afin d’être au courant des dernières nouveautés, sans pour autant brider sa créativité. Créatif dans l’âme, « il prend souvent le risque de sortir des sentiers battus », nous dit son épouse et partenaire de travail qui reste, elle, consciente de la nécessité de maintenir le juste équilibre entre créativité et exigences de la clientèle. « Il faut oser sortir du lot, mais tout en restant raisonnable », ajoute-t-elle. « Nous essayons de toucher les clients avec nos créations en ayant une connaissance préalable de leurs goûts et préférences ». C’est, en effet, sur base de cette connaissance que M. et Mme Frikha ont réussi à construire une relation très proche avec leurs clients.

Déjà dans leur première joaillerie rue Grétry, M. et Mme Frikha étaient attentifs aux pièces qui plairaient à leurs clients. M. Frikha réalisait le bijou et Mme Frikha savait exactement à quel client le proposer grâce à beaucoup d’échanges et d’observation. Cette complicité est toujours présente aujourd’hui dans leur nouvelle joaillerie “La Marquise“ au Passage Lemonnier, même si Mme Frikha a ressenti un changement dans le comportement des clients dû à internet. « Les gens font de plus en plus leurs achats en ligne », souligne-t-elle, « ce qui menace la relation de proximité qui nous lie à la clientèle ». Toutefois, cela n’empêche pas son intérêt pour cette nouvelle technologie et son désir de l’utiliser à bon escient.

Titulaire d’un diplôme en construction métallique, rien ne prédestinait M. Frikha à devenir artisan-joaillier. Le hasard faisant bien les choses, il suit une formation en bijouterie à l’École Léon Mignon durant laquelle il découvre son potentiel créatif et une grande passion des pierres. Depuis lors, il poursuit le chemin de la création de bijoux. De foire en foire, il part à la recherche des pierres les plus inspirantes et les met en valeur en réalisant les montures dans son atelier.

L’atelier est le petit univers du créateur. C’est un lieu magique où la matière prend forme sous les doigts savants de l’artisan. Le premier atelier dans lequel la créatrice Chris Alexxa a pu exprimer sa passion était improvisé à son domicile. Issue d’une famille d’artistes, Mme Christine Alexandre (de son vrai nom) a baigné dans un monde créatif tout au long de son enfance. Elle suit une formation artistique à l’Académie des Beaux-Arts, enrichie par des études de design. Sa carrière débute dans une multinationale où elle travaille pendant plusieurs années en tant que designer et responsable des tendances. L’appel de sa passion étant irrésistible, elle quitte son travail pour réaliser son rêve : créer des bijoux !

« Les débuts étaient un peu “bricolés“ », se souvient Mme Alexandre. « J’ai commencé par acheter une plaque en argent que j’ai forgée, soudée et façonnée après avoir observé le travail de quelques professionnels, non sans mal car je n’avais aucune formation ». Autodidacte et persévérante, elle part effectuer un stage en immersion à Paris avec les fondeurs attitrés de Chanel. Ensuite, elle fait l’acquisition des machines qui lui ont permis d’être totalement autonome dans son processus de fabrication. « Quel bonheur quand j’ai tenu en main les premières pièces sorties de mon atelier ! », nous confie-t-elle.

C’est En Neuvice que Chris Alexxa a ouvert en 2016 son atelier-boutique pour accueillir sa clientèle de plus en plus grandissante. On peut y admirer des bijoux aux lignes raffinées reflétant le monde végétal. « Lors de mes nombreux voyages à l’étranger, notamment en Asie, j’ai été marquée par la luxuriance et la diversité de la végétation. Des formes abondantes, généreuses et surprenantes qui ne cesseront de m’inspirer ». Loin des tendances, généralement éphémères, les bijoux de Chris Alexxa célèbrent la nature et l’intemporalité.

L’intemporalité est aussi une des caractéristiques principales des bijoux réalisés par la jeune et talentueuse créatrice Cécile Duong, fondatrice de la marque “Hoctavius“. En quête de l’indémodable, Melle Duong privilégie la simplicité et la légèreté dans ses créations. « La tendance de mes bijoux correspond à ce que je veux porter : des choses simples et aériennes qui, pour moi, ne se démodent jamais et qui fondent la beauté et l’élégance en bijouterie », affirme-t-elle.

Depuis toute petite, Melle Duong s’amusait à créer des bijoux avec des perles, des pièces d’assemblage ou encore de la pâte Fimo, jusqu’au jour où elle lance un site web pour y publier ses créations. Encouragée par le succès que rencontrent ses bijoux sur le Net, c’est naturellement qu’elle décide de s’inscrire dans une école de joaillerie liégeoise afin d’apprendre à travailler la matière et d’aiguiser son talent. Le travail artisanal lui tenant à cœur, elle fabrique ses bijoux à la main, du début à la fin. « D’ailleurs, tout mon espace de travail a été fait avec mes petites mains », souligne-t-elle.

N’ayant pas encore de boutique d’exposition, sa principale vitrine est en ligne sur son site www.hoctavius.com. Pour se faire connaître, elle utilise beaucoup les réseaux sociaux et l’entraide au niveau des commerces locaux. Elle est, notamment, très présente sur Facebook et Instagram qui, selon elle, permettent aux clients de sentir une proximité avec son atelier. « Je fais vivre mes bijoux en les portant et je rends ma clientèle témoins de leur naissance en prenant des photos de chaque étape de la fabrication. Je me rends aussi très accessible en organisant des ventes privées où je peux rencontrer mes clients et établir un réel contact ».

Les parcours, les histoires et les styles de ces créateurs sont divers. Cependant, ils partagent tous une passion commune : celle de la création de bijoux !

Houda Joubail

Loading

Vous pouvez également aimer :