Il est le seul carnaval qui a lieu sur le territoire de la Ville de Liège. L’année dernière, il a attiré plus de 2000 personnes dans les rues du Quartier Saint-Léonard.
A l’inverse de la plupart de ceux qui ont lieu dans la région et qui sont issus du folklore local, le Carnaval du Nord est d’abord et avant tout une initiative des habitants du quartier. Focus sur cet événement unique en son genre.
Le quartier Saint-Léonard, un lundi matin. Je stationne ma voiture Rue Maghin. Pris dans la circulation, je ne suis pas à l’heure à mon interview. J’écris rapidement un SMS pour prévenir de mon arrivée.
« Bonjour. Je suis là dans deux minutes » La réponse arrive, quasi instantanée.
« Bonjour. Pas de souci, j’arrive moi aussi » Le ton est donné. Marianne Fagnoul m’a donné rendez-vous dans un café du quartier. Le premier contact est simple et sympathique. Le « tu » est de mise. Pas d’autre option que de se sentir à l’aise dans de telles circonstances. C’est devant deux cafés fumants que la conversation s’engage dans la foulée. Interview sans langue de bois.
« Tout a commencé en 2003 » me dit d’emblée Marianne. A l’époque, quelques habitants du quartier décident d’organiser un 15 août alternatif sur la Place Vivegnis, alors délaissée par tous, pouvoirs publics et habitants confondus. Cette fête des voisins qui ne porte pas son nom rencontre néanmoins un certain succès et ce collectif informel d’habitants se retrouve avec un bénéfice de 300€ auquel il ne s’attendait vraiment pas.
« On ne savait vraiment pas quoi faire de cet argent » poursuit celle qui s’est présentée à moi quelques jours plus tôt par téléphone comme une voisine parmi les autres, porte-parole malgré elle du groupe qui se cache derrière l’organisation du Carnaval du Nord. « Nous avons réfléchi tous ensemble à la question et quelqu’un a lancé l’idée d’un carnaval. Comme il n’y en avait pas de meilleure, c’est cette initiative que nous avons retenue ».
Et l’idée semble avoir fait son chemin ! En effet, et là où certaines initiatives du même genre se sont essoufflées après quelques années, on se dirige lentement et sûrement vers une seizième édition de ce carnaval pas comme les autres. « Nous avons accueilli plus ou moins 2000 personnes l’année dernière » enchaîne Marianne. La fête a donc largement dépassé les limites du Quartier Saint-Léonard et elle attire en effet, surtout si les conditions climatiques sont clémentes, des habitants issus des quatre coins de la Ville voire de bien plus loin également. Ce que le grand public sait moins, c’est que le Carnaval, qui aura lieu cette année le 09 mars, n’est finalement que l’apothéose de toute une série d’autres activités, manifestations et animations qui, sous prétexte de préparer le carnaval, entretiennent des liens forts entre toutes les composantes du Quartier.
« Nous enchaînons ensuite avec notre soirée au Festival de Liège le 08 février. C’est l’occasion ainsi de « passer l’eau » et de se rendre en Outremeuse au Manège Fonck avec notre super équipe de DJ ».
« Le 28 février, c’est au tour de Léon Tchiniss le superhéros, de faire le tour de toutes les écoles du Quartier Saint-Léonard avec notre fanfare afin d’inviter tous les enfants à participer au carnaval des enfants qui a lieu le Mardis Gras, soit le 05 mars. A cette occasion, nous récoltons avec les enfants du Quartier les ingrédients pour les 1500 crêpes que nous distribuerons gratuitement le jour du Carnaval ».
Enfin, c’est le 09 mars que le Carnaval du Nord aura lieu dans les rues du quartier. Ici, pas de chars surdimensionnés, pas de sonos tonitruantes et pas de tracteurs puissants pour tirer le tout. « Nous avons interdit les sonos et les moteurs sur le cortège » insiste Marianne. « Pour des raisons de sécurité, tout d’abord, mais aussi pour une question de convivialité ».
Si en 2003, ils n’étaient qu’une poignée, le collectif compte aujourd’hui une quinzaine de personnes qui, au plus fort
de la fête et avec l’aide de bénévoles, constituent un groupe de 50 personnes au service de cet événement hors du commun qui, pour la petite histoire, a reçu le Mérite Liégeois en 2018.
L’avenir ?
« Chez nous, les enfants ont déjà repris une partie de l’organisation de leur carnaval. Ils sont nés dedans et c’est en quelque sorte inscrit dans leur ADN » conclut Marianne. « Notre rêve, c’est de voir d’autres collectifs, dans d’autres quartiers, se constituer autour de manifestations de ce type ».
A bon entendeur …
Benoît Beenkens