Liège. Son tissu économique, culturel et associatif. Ses monuments, ses bâtiments, ses fêtes et ses grands événements. Derrière toutes ces initiatives, toutes ces réalisations et tous ces projets, il y a toujours des hommes et des femmes. Focus sur ces initiatives qui « font » Liège et sur celles et ceux qui y contribuent.
LA BIERE 100 PAP
Dire que Liège est la ville de la bière serait mentir. Néanmoins, je ne crois pas raconter des bêtises en disant qu’à Liège, on apprécie beaucoup la bière. En effet, entre festivals bien connus, production locale de qualité, endroits plus intéressants les uns que les autres où on peut en déguster parfois par dizaines, notre ville a tout pour plaire aux amateurs du genre et, quand une petite nouvelle fait son apparition sur le marché, les Liégeois et Liégeoises ne sont pas les derniers et dernières à y faire honneur.
La 100 PAP fait partie de ces projets qui, à la base, trouvent leur source dans deux idées pas forcément contradictoires mais néanmoins assez éloignées l’une de l’autre. D’un côté en effet, il y a une petite brasserie de Frameries qui désire allier respect des enjeux du développement durable et engagement solidaire. De l’autre, il y a un collectif bruxellois qui vise à sortir de la rue les personnes sans-papiers en fournissant une solution de logement à moyen et long terme.
La 100 PAP est un projet de l’ASBL Bruxelles Initiatives qui a été formée par d’anciens bénévoles du parc Maximilien en 2015. Cette structure souhaite lutter pour un accès durable au logement pour les personnes sans-papiers. Certains membres de Nuit Debout Bruxelles rejoignent l’aventure et la 100 PAP est alors créée.
Aujourd’hui, à Liège, c’est le Monde des possibles qui se charge de faire connaître cette (bonne) bière auprès des structures liégeoises d’abord mais aussi ensuite, de manière plus large, auprès du grand public. C’est ainsi que la 100 PAP a déjà été distribuée cette année dans des endroits tels que la Casa Nicaragua en Pierreuse, le CPCR à Saint-Léonard ou encore lors des fêtes du 1ier mai sur la Place Saint-Paul.
Si l’initiative bruxelloise à sa propre raison d’être, sa déclinaison liégeoise a, quant à elle, une visée locale puisque tous les bénéfices de la vente de la 100 PAP sont intégralement consacrés à des initiatives locales autoportantes d’économie sociale et solidaire d’accueil des sans-papiers.
Envie d’allier plaisir de la dégustation – avec modération – et engagement solidaire ? Vous avez la solution !
http://100pap.be/ http://www.possibles.org/
SUR LES CHEMINS NOIRS
Dimanche 17 novembre. Le froid piquant de cette fin d’après-midi me donne des couleurs aux joues tandis que le reste de mon corps est bien au chaud sous mon coupe-vent, mon pantalon de randonnée et mes gants doublés de cuir. Cela fait maintenant un peu plus de quatre heures que je progresse entre venelles et chemins de terre, vieilles rues pavées et sentiers à peine visibles des hauteurs de Liège.
Sylvain Tesson les appelle les chemins noirs. Je trouve que c’est un nom qui leur va bien.
Ici, des poules grattent le sol d’un poulailler monté de bric et de broc à l’arrière d’une maison ouvrière rénovée avec goût. Là, une ancienne plaque commémorative me surprend au détour d’une rue pavée proche de la Montagne de Bueren. Plus loin, les abords d’un terril m’offrent le spectacle des jardins entretenus minutieusement par leurs propriétaires et déjà en attente de l’hiver tout proche. Ensuite, c’est une fresque murale que je découvre pour la première fois dans cette impasse que j’emprunte pourtant depuis de nombreuses années. Enfin, après un brusque coude du sentier sur lequel je me trouve, la Ville de Liège s’offre à moi, enveloppée dans son manteau de brume d’où s’échappent les rumeurs de la circulation de cette fin de weekend.
« Il m’aura fallu courir le monde et tomber d’un toit pour saisir que je disposais là, sous mes yeux, dans un pays si proche dont j’ignorais les replis, d’un réseau de chemins campagnards ouverts sur le mystère, baignés de pur silence, miraculeusement vides » nous confie Sylvain Tesson. Il ne m’aura pas fallu aller aussi loin et me faire aussi mal pour être d’accord avec lui et pour profiter, à chaque fois que j’en ai l’occasion, de nos chemins noirs liégeois.
« Là, ajoute-t-il, personne ne vous indique ni comment vous tenir, ni quoi penser, ni même la direction à prendre ». Je n’aurais pas su mieux dire.
Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2016, 142 p. (ISBN 978-2-07-014637-6)
Benoît Beenkens